• Au revoir et merci Didier ROUSTAN.

    La semaine dernière, Didier ROUSTAN, l'un des plus grands journalistes sportifs de ces 5 dernières décennies, est parti. Pour les amoureux du football de ma génération il incarnait un ton différent, plus moderne, plus rock! Passionné aussi de cinéma il avait compris dès les années 1980 l'importance des images et la manière de mettre en scène le football. Ces reportages possédaient un sens particulier de la narration avec une dose de poésie.

     "Je ne suis pas touché par le vedettariat, j'ai rapidement pris conscience que les gens ne te connaissent pas mais te voient à travers la télé, les louanges ne s'adressent pas à toi en tant que tel". disait-il.

    Voici quelques uns des multiples hommages qui lui sont rendus! « Il était un amoureux du ballon rond, un passionné de tribunes. Bercé par le football à la stéphanoise, il aimait parler de l'ASSE et le faisait si bien. Didier Roustan nous a quittés. Nous, les Verts, saluons sa mémoire et transmettons nos condoléances à ses proches », a commenté le club du Forez.

    Luis Fenandez: « J'ai tellement de peine aujourd'hui... Je suis abattu. Je suis triste. Je perds quelqu'un qui m'était très important. Quelqu'un que j'aimais beaucoup depuis mon époque de joueur. Il avait réalisé un film sur moi qui s'appelait "Rocky" qui était merveilleux. Il m'a fait connaître Maradona au Parc des Princes dans les couloirs lors d'un France-Argentine. Il était d'une simplicité, d'une gentillesse, d'une humilité. Il avait la connaissance du foot. Je ne l'ai jamais entendu dire du mal de quelqu'un d'autre. Je suis bouleversé. Il va nous manquer énormément. »

    Alain Giresse: « C'est une terrible nouvelle... Dans les échanges avec lui, on sentait qu'il aimait le foot. C'était un passionné du jeu, du foot sud-américain. Il avait le feu sacré du football et le respect. On avait une proximité à l'époque... Pour mon dernier match en 1988, il avait fait un reportage, avec toujours ce côté original qu'on aimait. Ce jour-là, à Marseille, il m'avait fait porter un nez de clown pour montrer que je savais m'amuser et avait fait venir Éric Cantona qui avait signé à l'OM.

    Maxime Bossis: « Je me souviens de lui qui nous accompagnait en équipe de France. Il a fait partie des copains, voire des amis des joueurs des années 1980, vu qu'on était pratiquement du même âge. On avait des rapports vraiment fraternels, qui dépassaient le simple cadre de la relation joueur-journaliste. À chaque fois qu'on se revoyait, on évoquait avec nostalgie ces belles années. C'était un touche à tout de génie avec une aisance, une décontraction. Il faisait les choses avec sérieux sans se prendre au sérieux. C'était quelqu'un d'attachant. De différent. Un amoureux du jeu. Un puriste. »

    Daniel BRAVO « Didier Roustan, ce sont mes débuts en pro. À Téléfoot, il m'a fait mon tout premier reportage à l'OGC Nice. Un des plus beaux que j'ai eus. Il avait fait Shakespeare avec un crâne dans la main devant un feu en disant "avoir ou ne pas avoir la grosse tête ?" Et il avait posé la question à mon entourage. Que des choses très originales. C'était un artiste. Un amoureux du foot, du jeu et des joueurs. Avec une personnalité très originale, très gentille. Toujours jovial. Quelqu'un de bon. Je suis très triste aujourd'hui. Il a connu une époque où les joueurs étaient plus proches des journalistes, j'ai chez moi une photo où il m'interviewe dans le vestiaire. C'était beaucoup plus convivial. Didier était comme un copain. Par la suite, à travers son engagement avec Maradona (dans l'Association internationale des joueurs professionnels, ndlr), il a pu contribuer à aider les joueurs en difficulté. C'était quelqu'un de pur qui croyait en ses rêves et défendait les joueurs. »

    Brno Bellone: « C'est pas possible... Je garde un super souvenir de Didier. On était cannois tous les deux. C'est lui qui m'a fait connaître quand il était à Téléfoot. Ensemble on est allé dans mon premier club au Cannet-Rocheville, il a filmé le président, mon père, mon oncle, mon frère... et on est allés au jardin exotique à Monaco, il m'a déguisé en cow-boy. C'est lui qui m'a appelé Lucky Luke. Et ça m'a suivi toute ma carrière. Quand on jouait à l'extérieur, les petits venaient : "Et alors, il est où ton pistolet ?". Et si je perdais le match c'était "oh, la poudre elle est mouillée !". C'était un super mec, un passionné qui connaissait le football. Un fan de Maradona, du beau jeu. C'est pour ça qu'à chaque fois qu'il parlait à L'Équipe TV il était assez dur parce que le football d'aujourd'hui, c'était pas ça pour lui. Il avait la même vision que nous par rapport à l'évolution du foot. Et il voulait défendre le football et les joueurs en s'engageant avec Maradona. »

    « Comment ne pas se lasser du foot ? Savoir rechercher l'humain, la beauté non factice et pas juste la performance. Savoir garder cette forme de folie que la vie nous enlève, ce lien invisible avec l'enfance que doit rester le foot pour susciter l'émerveillement », écrivait-il dans Le Temps

    Didier Roustan a été exposé très tôt. Le Cannois avait 18 ans quand il a débarqué comme stagiaire à la rédaction des sports de TF1, en 1976. "Téléfoot aura été ma chance", disait-il de l'émission culte lancée mi-septembre 1977, où son ton original se démarquait des plus anciens.

    Roustan a interviewé ses autres idoles Johan Cruyff et Pelé, ce dernier avec une panthère en studio, et s'est aussi abimé la santé dans la création d'un syndicat mondial des joueurs, l'AIFP de 1995 à 1999. Il en a fait une dépression en 2002: "J'étais un légume".

    Il etait un nostalgique du football. Il déclarait à propos du foot actuel:"En schématisant à l'extrême, nous sommes passés d'un jeu d'échec à un jeu de dames, d'un film érotique à un film porno", écrit celui qui était resté à la page avec son podcast "Roustan Foot".

    Utilisant les métaphores musicales, Didier citait souvent une de ses chansons préférées, Long Time Gone, de Crosby, Stills & Nash, qui « parle de ce long moment difficile avant l’aube où tu revisites le long chemin parcouru et celui qui reste à accomplir ».


  • Commentaires

    1
    ALEA JACTA EST
    Mardi 17 Septembre à 14:46

    Merci pour ton article qui m'en apprend sur sa trajectoire professionnelle et qui  lui rend l'hommage qu'il mérite.

    Il a tellement apporté de fraîcheur, de sincérité, d'amour du beau jeu dans un monde gangréné par le fric. Roustan a su garder l'esprit d'un enfant qui s'émerveille. C'était un coeur pur.
    Toute la famille foot se sent en deuil.

      • Mardi 17 Septembre à 17:52

        je dois te dire qu'ici en FRANCE il a reçu une pluie de louages du monde du foot et bien au delà.

        Il faut dire qu'il a accompagné tous les amoureux de ce sport depuis la fin des années 70, époque qui a correspondu à l'envol du foot français. Et son ton si particulier, ses reportages bienveillants et originaux nous ont marqué à jamais.

        A bientôt pour un billet sur les J.O qui ont été si extraordinaires à Paris. Mais je ne l'ai pas encor commencé.

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