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     Face au flot de louanges qui a suivi l'intervention d'Antoine Leiris dans ONPC samedi dernier, j'ai voulu revenir sur les nombreux points qui m'ont mis  mal à l'aise lors de cet entretien.

    Il y a tout d'abord le fait qu'il a tenu en permanence à  minimiser l'acte des terroristes, en disant qu'ils ne sont que les ambassadeurs du destin. J'avoue que j'ai eu beaucoup de mal à accepter ce discours.

    Pour lui, cela aurait pu être un cancer, un accident, le destin a voulu que ce soit des terroristes. (D'ailleurs Yann Moix saura lui rappeler en disant que le platane ne choisit pas sa voiture).

    Bien sur, il veut préserver sa petite famille (lui et son fils). C'est même le seul argument recevable. Mais alors qu'il ne parle pas de destin, qu'il dise uniquement "pour protéger mon fils, je refuse de sombrer dans la haine point".

    Car en parlant "d'ambassadeurs du destin", il minimise avant tout l'acte terroriste qui lui a enlevé son épouse.

    Les bourreaux qui ont massacré à travers l'histoire étaient-ils des "ambassadeurs du destin". L'expression est terriblement malheureuse. 

    Comment ne pas voir dans son attitude un besoin permanent de minimiser l'acte odieux.

    Ne jamais appeler la barbarie par son nom, l'islamisme. Assimiler cette barbarie à un coup du destin. 

    Il n'aura échapper à personne qu'au delà de son "Vous n'aurez pas a haine", Leiris ne nomme jamais les choses, il reste en permanence à distance des actes des criminels.

    En tenant absolument à mettre ça sur le compte du destin, tout en refusant de parler de terroristes et d'islamistes, Leiris n'est-il pas là dans une sorte de religion de l'anti-racisme qui pousse une certaine gauche à refuser de voir le monde de 2016 tel qu'il est.

    N'est-il pas , telle une Clémentine Autain qui n'admet pas qu'un musulman puisse agresser des femmes à Cologne, dans cette croyance qui oblige à penser qu'un musulman ne peut faire le mal. Et en rejetant cette faute sur le destin, n'a-t-il pas trouvé le subterfuge idéal pour réussir le miracle de garder intacte sa foi extrême pour l'anti-racisme , et aussi l'amour pour sa femme. 

    Et ce terme "d'ambassadeurs du destin", c'est totalement ahurissant. Comme s'il tenait à donner un titre aux assassins de sa femmes.

    "Vous n'aurez pas ma haine" d'Antoine Leiris . Emouvant et génant.

    Lorsqu'Eric Zemmour parle de  féminisation de la société pour expliquer le comportement de Leiris, je pense qu'il est dans le vrai. Par contre, cet argument n'est pas suffisant pour expliquer l'attitude de l'auteur.

    Des intellectuels expliquent très justement, que n'ayant pas connu la guerre depuis plus de 70 ans, nous ne savons plus réagir lorsque la barbarie se présente face à nous.

    Nous défilons, nous continuons à vouloir vivre normalement ,nous débattons , nous allumons des petites bougies, nous disons "même pas peur". 

    Et si justement ! Nous avons peur de les affronter. Nous trouvons une multitude d'excuses pour ne pas agir. 

    Année après année, nous voyons des quartiers entiers de nos villes se transformer mais nous trouvons toujours de beaux esprits pour le minimiser.  

    Alors, que faut-il faire?

    La culture comme nous  dit Leiris .

    Oui, bien sur, mais des millions de gens dans ce pays possèdent une culture limitée, et ils  sont aussi les forces vives de ce pays . A contrario, ils existent des gens cultivés qui véhiculent des idées nauséabondes. 

    Oui à la culture, à l'éducation, mais il faut y ajouter le respect de la loi, et surtout la fermeté pour ceux qui la bafouent. Une règle essentielle qui n’apparaît pas dans le discours de notre auteur, c'est bien dommage.

    Je n'ai pas de haine contre les tueurs, mais je viens dire ce qu'il faut faire. 

    Désir d'élévation en parlant de sa lettre. Il y a tout de même une forme de prétention dans son attitude.

    Oui , il vient nous parler de l'amour pour sa femme. Mais celui qui reste chez lui, qui n'éprouve pas le besoin de se répandre dans les médias, aime-t-il moins que lui?

    Son témoignage me met mal à l'aise. J'ai le sentiment qu'il est parfois sur le film du rasoir, qu'il n'est pas loin de franchir la ligne rouge qui mène à  l'indécence.

    A un moment, suite à une intervention de Pascal Prau,  il dit qu'il regrette que tout le monde soit au courant.

    Mais alors pourquoi ce livre, pourquoi continuer après sa lettre de novembre dernier?

    Et puis Monsieur Leiris est tout de même journaliste. Il sait très bien comment fonctionne le monde des médias.

    Pas de critiques contre les terroristes, mais d'après lui Manuel Valls devrait lire un peu plus de livres ou regarder des films.

    Voilà notre ami qui fait enfin la morale.

    Et puis quels livres, quels films? 

    Monsieur enfile les perles mais ne propose rien de concret.

    Par contre, je peux lui conseiller un film qui lui permettra de voir ce qu'il advient lorsqu'on refuse de nommer les choses par leur nom, ou pire de les voir telle qu'elles sont.

    Il s'agit d'un film d'Alfred Hitchcock de 1938, "Une femme disparaît".

    L'histoire

    "Dans un train en provenance d'Europe Centrale, Iris Henderson voyage en compagnie de Miss Froy, une vieille dame britannique comme elle, dont elle a fait connaissance dans un hôtel la veille. Au cours du voyage, Miss Froy disparaît mystérieusement. La jeune femme s’inquiète, mais personne ne veut la croire et l'on tente de la convaincre qu'elle a tout imaginé."

    1938 est l’année où l’Histoire bascule, où faire l’autruche n’est plus possible en Europe. Hitchcock pose alors la question, êtes-vous suffisamment intrigué par cette femme disparue ou bien, comme ces deux anglais, êtes-vous plus intéressé par le prochain match de criquet?

    On voit aussi dans le final des voyageurs bien naïfs essayer de parlementer avec les tueurs.

    Le pacifisme de l'un d'entre eux le conduira à la mort.

    (Vous comprendrez l'essentiel en visionnant à partir de 1heure 15)

    Il est évident que dans ce film, Alfred Hitchock, vient ici dénoncer l'esprit munichois. 

    Comme le dira Wiston Churchill :

    "Vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur. Vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre."

    "Vous n'aurez pas ma haine" nous dit l'auteur, mais sait-il qu'entre la haine et le "destin" il existe une palette très large qui peut aller de l'indignation à la résistance par exemple.

    Puisqu'on parle de Résistance, est-ce que De Gaulle et Jean Moulin étaient moins cultivés que notre auteur?

    Oui, la culture n'empêche en rien l'action et le combat lorsqu'il devient nécessaire.

    Et puis je pense à ceux qui résistent à la monstruosité islamiste dans leur pays. Que peuvent-ils penser d'une telle passivité?

    Non, on ne peut trouver l'attitude de Leiris magnifique comme j'ai pu le lire ici ou là. Plus j'y réfléchis et plus je suis scandalisé par ce qui ressemble à de la résignation.

    Son "Vous n'aurez pas ma haine" ressemble beaucoup à un "Faisons comme si de rien n'était".

    Et puis à ceux qui trouvent sa passivité courageuse, j'aimerais leur rappeler qu'un résistant de plus de 90 ans écrivait il y a quelques années "Indignez-vous". 

    Et puisque  Leiris aime tant parler de culture  , rappelons-lui qui était Marc Bloch, l'auteur de "L'étrrange Défaite".

    http://www.lyc-bloch-bischheim.ac-strasbourg.fr/wordpress/page-d-exemple/marc-bloch-1886-1944/

    L'étrange défaite de la pensée, c'est le titre qui me vient à l'esprit lorsque je songe à Leiris.


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  •  "Mr Holmes" de de Bill Condon .

    Agé de 93 ans, Sherlock Holmes a pris sa retraite dans une maison à la campagne, en compagnie de sa gouvernante et Roger, le jeune fils de cette dernière. Il est toujours préoccupé par une affaire sur laquelle il a enquêté 50 ans auparavant et dont il avait interdit à Watson d'en faire un récit. Mais sa mémoire lui joue des tours et il ne se rappelle que d'une altercation avec un époux en colère. Aidé par Roger, Holmes décide donc de rouvrir l'enquête et de tenter de démêler le vrai du faux dans ses souvenirs.

    Il s'agit de l'adaptation d’un roman de Mitch Cullin, "Les Abeilles de Monsieur Holmes" . Ici,  l'intrigue policière n'est pas la priorité. D'ailleurs il n'y a pas de meurtre, mais la souffrance et la mort ne cessent de rôder tout au long d’un récit ingénieux ou le mystère et l’humanité sont en permanence présents.

     "Mr Holmes" de de Bill Condon .

    Des dialogues savoureux, une réalisation sobre et très élégante. Et puis quel bonheur de voir Ian McKellen dans le rôle d'un Sherlock Holmes de 93 ans perdant la mémoire.

    En voici une critique.

    http://mondocine.net/cinema-critique-film-mr-holmes/#


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     2 films que j'ai aimé. "Dalton Trumbo" de Jay Roach et "Vendeur" de Sylvain Desclous .

    Tout d'abord, intéressons-nous à "Dalton Trumbo" de Jay Roach

    Hollywood, la Guerre Froide bat son plein. Alors qu'il est au sommet de son art, le scénariste Dalton Trumbo est accusé d'être communiste. Avec d'autres artistes, il devient très vite infréquentable, puis est emprisonné et placé sur la Liste Noire : il lui est désormais impossible de travailler. Grâce à son talent et au soutien inconditionnel de sa famille, Il va contourner cette interdiction.

    En voici une critique qui donne envie de voir un film sur un sujet rarement traité au cinéma.

    http://www.telerama.fr/cinema/films/dalton-trumbo,502468.php

     

     "Vendeur" de Sylvain Desclous .

     2 films que j'ai aimé. "Dalton Trumbo" de Jay Roach et "Vendeur" de Sylvain Desclous .

    Serge est l’un des meilleurs vendeurs de France.Depuis trente ans, il écume les zones commerciales et les grands magasins, garantissant à ses employeurs un retour sur investissement immédiat et spectaculaire. Il a tout sacrifié à sa carrière. Ses amis, ses femmes et son fils, Gérald, qu’il ne voit jamais. Et sa santé.

     Quand Gérald vient lui demander un travail pour financer les travaux de son futur restaurant, Serge hésite puis accepte finalement de le faire embaucher comme vendeur.

    Un film à l’ambiance surprenante. On a souvent le sentiment d'être dans un film américain des années 70.

    J’ai vraiment beaucoup aimé. Au début, le personnage du père est vraiment antipathique, contrairement à celui du fils. Et au fur et à mesure que le film avance, les choses s’inversent.

    Et puis Gilbert Melki est vraiment impressionnant. 

     http://www.justfocus.fr/cinema/critique-vendeur-de-sylvain-desclous.html

     


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  • Tout d'abord, avant de vous livrer mon compte rendu de cette soirée à l'Olympia, je vous propose de lire cette interview de Roger Hodgson. 

    http://www.parismatch.com/Culture/Musique/Roger-Hodgson-Ils-m-ont-vole-Supertramp-955792

    Ah ces groupes de Rock à deux têtes. Ca fini mal en général. Leur groupe n'a pas échappé à la règle.

    D'un coté  Rick Davies et de l'autre Roger Hodgson. Du début des années 70 à 1983, ils sont les leaders de Supertramp. 

    Roger Hodgson est de loin mon préféré. Que ce soit l'homme ou le compositeur . Il nous a encore prouvé ce 1er mai que les meilleures chansons de Supertramp c'était lui, avec son remarquable groupe de 4 musiciens, dont l'exceptionnel Aaron MacDonald à la clarinette, au saxophone, aux claviers, à l'harmonica et à la flûte

    Il est environ 20 heures 15 lorsqu'il entre en scène . 

    C'est parti avec ce classique.

    Il enchaîne de suite de façon grandiose. De quoi vous faire regretter l'école.

    Puis très vite ce morceau tout aussi génial qui m'a fait découvrir le groupe il y a bien longtemps.

    L'ancien leader de Supertramp a frappé fort d'entrée, tel  un boxeur qui veut asphyxié son adversaire. Il a réussi par ce début de concert à nous faire chavirer de bonheur, à nous filer la chair de poule . Roger Hodgson est heureux d'être là et on le ressent, et son bonheur est communicatif.

    Il continue inlassablement à fouiller dans son répertoire.

    C'est l'entracte. Le public, fait de jeunes (plus qu'on aurait pu le penser) , et de moins jeunes, se remet de ses émotions.

    Il a tenu, le plus souvent possible à s'exprimer dans un français imparfait, mais très attachant. 

    Il nous a par exemple parlé de cet album enregistré à Nantes en 2000,"Open The Door", ou figure ce morceau "Death And A Zoo".

    Avec bien sur..

    Encore un grand morceau.

    J'allais oublier (quel crime)

    Et pour le rappel, 3 morceaux dont  les 2 incontournables pour finir..

    Ce soir on sait que l'on va se coucher plus tard, qu'il sera surement difficile de se lever le lundi matin , mais on s'en moque. On s'endormira avec de jolies mélodies et de belles images dans la tête.

    Et pour ceux qui auraient des regrets, Roger Hodgson nous a déjà prévenu qu'il serait encore présent au même endroit l'année prochaine.


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  • Après 2 premiers albums de mise en jambe (1986) et 1989) les Jayhawks produisent avec  "Hollywood Town Hall" (1992) un disque qui va être très bien accueilli par les critiques. 

    Après une longue tournée , et un nouvel album de très bonne facture, "Tomorrow The Green Grass" (1995).

    Mark Olson, l'un des deux leaders du groupe avec Gary Louris, quitte la formation pour fonder avec sa compagne, Victoria Williams, me "Mark Olson & the Creekdippers" .

    L'aventure pour Louris and Co qui sortent en 1997 "Sound of Lies", un disque moins bien accueilli car jugé trop pop, plus commercial. 

    De mon point de vue, c'est juste un superbe album, avec au minimum 5 ou 6 morceaux qui mériteraient d'être des tubes.

    A ce propos il est terriblement injuste que ce groupe soit resté perpétuellement sous-estimé. 

    Les compositions de Gary Louris, les coeurs,  les arrengements, tout est parfait (trop pour les puristes surement), sur ce disque.

    L'album "Smile" qui sort en 2000 est de la même veine.

    L'album "Rainy Day Music", sorti en 2003, est mieux accueilli par la presse. Probablement parceque Louris et sa bande retourne un peu plus au son des débuts, à ce qui a fait leur succès. 

    En 2005 le groupe se sépare pour se reformer en 2009. Mark Olson revient et le groupe sort un nouvel album en 2011, "Mockingbird Time", qui sera bien accueilli par les critiques, et qui sera également leur plus gros succès commercial. (Étrangement c'est celui que j'aime le moins).

    C'est donc  "Paging Mr. Proust", un nouvel album de ce groupe qui est sorti le 29 avril dernier. 

    Mark Olson est reparti, mais Louris tient toujours la baraque et plutôt très bien.

    Co-produit par Louris, Peter Buck (le guitariste de R.E.M) et Tucker Martine, ce disque est en tout point remarquable. Dans la lignée de ce que fait ce groupe depuis environ 25 ans.

    A noter qu'ils seront en concert au Divan du Monde le 9 septembre prochain.

    En voici une critique.

    http://www.soul-kitchen.fr/65695-chronique-the-jayhawks-paging-mr-proust

     


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