• "Mr Smith au Sénat" de Frank Capra, ce soir sur Arte.

    Arte diffuse ce soir le chef-d'oeuvre de Frank Capra, MrSmith au Sénat, qui est pour moi avec "la vie est belle", le film le pluis important du réalisateur d'origine italienne.

    Il y aurait encore bien des choses à dire sur un film décidément très en avance sur son époque. On pourrait notamment signaler sa clairvoyance, quand il constate que l’opinion publique s’achète, ou que séduire les enfants, c’est manipuler leurs parents.

    A noter que le scénariste de ce film, Sidney Buchman,fut l'une des victimes du maccarthysme et inscrit sur la liste noire du cinéma.

    https://www.franceinter.fr/emissions/l-instant-tele/l-instant-tele-07-novembre-2016

    Le film a été interdit dans l'Allemagne nazie de Hitler, dans l'Italie fasciste de Mussolini, dans l'Espagne de Franco et dans l'URSS communiste de Staline

    http://www.programme-tv.net/news/cinema/97781-mr-smith-au-senat-arte-3-bonnes-raisons-de-re-voir-le-chef-d-oeuvre-de-capra-video/

    Et puis si vous n'êtes pas tenté par ce film pour pourrez toujours vous rabattre sur la 5 avec un autre très grand film( mais beaucoup plus souvent diffusé), "Le crime était presque parfait" d'Alfred Hitchcock.


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  • "Mademoiselle" de Park Chan-wook. On est proche de la perfection.

    L'histoire:

    Adaptée du livre de Sarah Waters, "Du bout des doigts", dont l'action se situe dans l'Angleterre victorienne,le réalisateur Park Chan-Wook a transposé l'action dans la Corée  des années 1930, pendant la colonisation japonaise. Une jeune femme (Sookee) est engagée comme servante d’une riche japonaise (Hideko), vivant recluse dans un immense manoir sous la coupe d’un oncle tyrannique. Mais Sookee a un secret. Avec l’aide d’un escroc se faisant passer pour un comte japonais, ils ont d’autres plans pour Hideko…

     

    Le scénario est complexe et peut perturber le spectateur avec cette narration en 3 parties suivant le regard de la servante et celui de "Mademoiselle".

    Mais comment ne pas se laisser porter par ce drame romanesque qui allie à la perfection de nombreux styles, du  thriller à l'érotisme,tout cela dans des décors et des images absolument sublimes .

    "Mademoiselle" bouleverse les sens du spectateur par son esthétisme, son érotisme et son exotisme. C'est un véritable choc émotionnel à tout point de vue.

    Après avoir visionné ce film je ne savais plus si je sortais d'une salle de cinéma ou bien si je venais de me réveiller après avoir fait un rêve des plus troublants. 

     

    "Mademoiselle" de Park Chan-wook. On est proche de la perfection.

    "Dans le film , tout le monde ment à tout le monde et personne n'est ce qu'il parait" nous dit le réalisateur.

    Qualifié de "pervers cultivé" dans son pays après la sortie de ce film, Park Chan-wook a déclaré : "On peut trouver plusieurs interprétations à ce mot de "pervers". Mais moi j’ai envie de le défendre. Parce que pour moi être pervers, c’est montrer la face obscure de l’humanité. Se confronter à cette part d’ombre, et s’interroger soi-même par rapport à ça. Dans ce sens, j’estime que c’est un honneur d’être traité de pervers."

    Et puis soyons honnête, et moins hypocrite que ceux qui s'en prennent au cinéaste coréen, qui d'entre nous n'a pas cette part d'ombre inavouable ,ces fantasmes les plus sombres qui font de nous des êtres pas toujours aussi sages que l'image que nous renvoyons ?  

    "Mademoiselle" de Park Chan-wook. On est proche de la perfection.

    Je ne sais pas combien de films j'ai pu voir dans ma vie, des certaines, probablement des milliers, de quoi se dire que l'on ne risque plus d'être surpris, d'être envahi pas des émotions rarement rencontrées devant un grand écran.

    Park Chan-wook vient de réussir cet exploit grâce à "Mademoiselle", une véritable oeuvre d'art qui dépasse le seul monde du cinéma.


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  • "Moi, Daniel Blake" de Ken Loach. De l'humanité dans un monde déshumanisé.

    L'histoire:

    Daniel Blake est un charpentier anglais de 59 ans qui vit à Newcastle. Après de graves problèmes cardiaques, des médecins lui interdisent de retravailler, tandis que l’administration le juge apte à reprendre une activité.Il va essayer d'effectuer les recours possibles et au cours de ses démarches, il va rencontrer une femme seule avec ses deux enfants ayant les mêmes difficultés que lui.

    Ce film, qui a reçu la dernière Palme d’or du festival de Cannes, dénonce les inégalités sociales de plus en plus criantes en Angleterre et dans le monde occidental en général.

    Ken Loach, avec son scénariste Paul Laverty, se sont inspirés de témoignages pour dénoncer les aberrations du système d’aide sociale britannique .

    Le réalisateur nous permet de découvrir ici le terrible chemin de croix des travailleurs proche de la retraite, des malades, des familles monoparentales, des jeunes d'origine étrangère, dans un monde qui a décidé d'exclure les plus faibles. Mais la grande réussite du film, c'est qu'il est loin de tout misérabilisme . 

    "Moi, Daniel Blake" de Ken Loach. De l'humanité dans un monde déshumanisé.

    Avec beaucoup d'hypocrisie et de malveillance envers les plus faibles, mais aussi le zèle de la part de salariés qui, à un degré moindre, ne sont pas sans rappeler d'autres moments et d'autres lieux, on découvre une administration  sans la moindre considération pour ces êtres en grande difficulté, mais aussi pour une des leurs qui ose apporter un minimum de son savoir à ces exclus .A contrario,le film nous offre de beaux instants de générosité,de solidarité, d'affection et d'humour. Et face à cette lâcheté administrative, cette humanité qui réuni des hommes et des femmes venant d'un peu tous les horizons est un réel message envoyé aux plus faibles face à ceux qui les humilient en permanence.

    Dans une interview récente Ken Loach s'en prenait aussi à la BBC, et aux principaux médias de Grande-Bretagne qui donnent peu d'échos aux problèmes soulevés par son film : « Ces gens sont traités sans humanité, dit-il. Sans aucune objectivité. Tout le monde semble se rendre au message distillé par le gouvernement depuis des lustres : les travailleurs d'un côté, les profiteurs de l'autre. »

    Comment, en effet , ne pas s'en prendre aux médias, et pas seulement les britanniques.

    N'est-il pas scandaleux de voir tous ces médias encenser ces derniers jours, dans leur page "culture", un film qui dénonce la politique qu'ils soutiennent par ailleurs à longueur d'année, au point d'insulter ceux qui pensent autrement. Oui chers médias, s'il y a de plus en plus de Daniel Blake, c'est aussi à cause de votre soutien permanent à un système qui est une véritable machine à broyer les plus faibles.

    "Moi, Daniel Blake" de Ken Loach. De l'humanité dans un monde déshumanisé.

    Que penser aussi des cinéastes français qui sont si rare à avoir le courage et la force de Mr Loach. Chez nous les réalisateurs qui se disent de gauche ont abandonné depuis bien longtemps la cause sociale pour ne faire des films que sur l'anti-racisme et la  petite bourgeoisie.

    Mais en agissant ainsi ne sont-ils pas dans la suite logique de ce que dénonce Marcel Gauchet à propos de François Mitterrand. En effet, récemment dans Marianne, l'historien et philosophe expliquait qu'à partir de 1983 et le "tournant de la rigueur, Mitterrand avait définitivement tourné le dos à la classe ouvrière et au social en général. 

    Face à cette trahison, le Président de l'époque a utilisé l'anti-racisme (SOS Racisme) et l'Europe comme nouveaux  étendards de la gauche. On voit aujourd'hui le résultat.

    Face à toutes ces compromissions et ces trahisons, Ken Loach continue de crier sa colère avec "Moi Daniel Blake", un film grandiose qui dénonce l'absurdité et la déshumanisation d'un dispositif qui n'hésite pas à utiliser l’humiliation.

    Et tout cela a été organisé par des politiques élus par le peuple.


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  • Fini le "ni-ni" pour Sarkozy.

    Ce jeudi matin, chez Jean-jacques Bourdin, Nicolas Sarkozy a fait volte-face en ce qui concerne le PS et le FN.

    Lui qui n'avait plus que le "ni-ni" à la bouche dès qu'on lui demandait de choisir entre les deux partis, a soudainement retourné sa veste pour dire qu'en cas d'un second tour entre le Président actuel et Marine Le Pen aux prochaines Présidentielles, il voterait "pour Hollande mais pas de gaieté de cœur".

    En observant un tel revirement, la première interrogation c'est de se dire, mais à quel moment l'ancien Président est sincère? Lorsqu'il est pour le "ni-ni", ou bien pour le vote à Hollande.

    Il est évident que la seule réponse valable qui tienne la route c'est "dans aucun des deux cas".

    Et oui, nous le connaissons trop bien le Sarkozy.

    Pour lui seul compte la victoire, et pour y arriver on peut tout se permettre, y compris se renier. Et plus grave, dire tout et n'importe quoi, y compris le plus dangereux.

    Mais cette fois-ci la ficelle est trop grosse. 

    Et pourquoi un tel virage?

    Il est évident que Nicolas Sarkozy, qui voit la primaire lui échapper, fait tout ce qu'il peut pour ratisser au plus large.

    Il faut le voir sur les plateaux de télévision venir nous dire par exemple que les électeurs de gauche ne peuvent pas venir voter, que leurs voisins les jugeraient (si je comprends bien d'après lui être de droite est une maladie honteuse). Il ose dire aussi  qu'il faut s'engager sur l’honneur en signant la phrase suivante : « Je partage les valeurs républicaines de la droite et du centre et je m’engage pour l’alternance afin de réussir le redressement de la France. »

    Et oui, s'engager sur l'honneur que l'on est de droite.

    Et si nous agissions comme les politiques tel que Mr Sarkozy, si nous osions mentir et nous renier nous aussi ?

    L'attitude d'un désespéré.

    Alors ce matin, après avoir tout fait pour avoir les voix de la droite la plus virile, ainsi qu'une partie des électeurs FN, il vient aujourd'hui chasser sur les terres du centre.

    Mais ce repositionnement est beaucoup trop tardif, il ne peut en aucun cas berner des électeurs qui préfèrent des candidats naturellement moins clivant.

    Il est possible aussi qu'avec ce nouveau choix l'ancien président espère faire rester chez eux les électeurs de gauche prêts à voter pour Juppé. 

    Mais il faut que Nicolas Sarkozy sache que les électeurs de gauche le connaissent parfaitement, et que sa déclaration sur le fait qu'il pourrait voter pour Hollande au second tour des présidentielles ne changera en rien l'avis qu'ils ont de lui. 

    Cette déclaration est d'ailleurs une grosse faute tactique de l'ancien Président, car elle ne peut rien lui rapporter de la part d'électeurs de gauche qui le détestent au plus haut point, mais de plus, elle risque de lui nuire sur sa droite avec des électeurs du FN qui auraient pu une nouvelle fois se laisser avoir par son discours ultra-droitier.

    Il est évident qu'après un tel aveu Nicolas Sarkozy va voir rester chez eux à la primaire des électeurs FN qui auraient pu voter pour lui.

    Il risque même de voir dans son propre camp des fans de toujours très en colère, eux qui détestent tant Hollande.

    Pour eux cet acte de Sarkozy pourrait ressembler à une trahison.

    Mais pour le reste des français, la trahison est le terme qui colle le mieux à  Sarkozy, il est temps que ses fans le comprennent enfin.


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  • Douglas Sirk en 2 chefs-d'oeuvre.

    1: "Le Temps d’aimer et le Temps de mourir"

    L'histoire:

    Ernst Graeber, à peine sorti de l'adolescence, connaît les dures heures de la campagne de Russie. Depuis qu'ils reculent, ses camarades et lui s'interrogent sur les horreurs de la guerre qu'ils mènent, avec son cortège de drames et de morts. Revenant dans sa ville natale à l'occasion d'une permission, il la trouve en ruines. Ses parents ont disparu. Il ne retrouve plus que deux de ses camarades d'enfance, Oscar Binding et Elizabeth Kruse, dont le père est interné dans un camp de concentration. La solitude rapproche Elizabeth et Ernst. Ils décident de se marier. Peu de temps après leur mariage, leur logement est détruit. Ils doivent se réfugier dans les décombres d'une église...

    Né en Allemagne de parents danois, Douglas Sirk ,  fuira le régime nazi en 1937.

     "Le Temps d’aimer et le Temps de mourir" possède beaucoup de similitudes avec l'histoire de Douglas Sirk. En effet Sirk était hanté par le sort tragique de son fils né d’un premier mariage. Sa première femme était une militante nazie et avait embrigadé son fils en partie par vengeance envers Sirk dont la seconde femme était d’origine juive. Le fils endoctriné de Sirk a probablement été tué sur le front russe au printemps 1944. Sirk malgré ses nombreuses démarches ne parviendra pas à le sauver ni à le retrouver, vivant ou mort.

    Adapté d'un livre de l'écrivain pacifiste allemand, Erich Maria Remarque (A l'Ouest Rien de Nouveau), et réalisé par le grand spécialiste du mélodrame,  on ne pouvait avoir qu'une oeuvre exceptionnelle.

    On est ici totalement emporté par cette superbe histoire d'amour dans une Allemagne désespérée au bord du gouffre .

    Douglas Sirk en 2 chefs-d'oeuvre.

    Ce film contient quelques scènes magnifiques, comme par exemple celle du Juif Joseph énonçant calmement son amour de l’Allemagne “d’avant”, celle de Goethe et de Schiller.

    Pour en savoir plus...

    http://www.cineclubdecaen.com/realisat/sirk/letempsdaimeretletemps.htm

     

    2: "Mirage de la vie".

    Douglas Sirk en 2 chefs-d'oeuvre.

    L'histoire:

    Lora Meredith est une comédienne sans travail qui, depuis la mort de son mari, vit seule avec sa fille Susie. Un beau jour de 1947, elle fait la connaissance d'une jeune femme noire, Annie. Maman elle aussi d'une petite fille, Sarah Jane, Annie peine également à subvenir à ses besoins. Lora décide de les accueillir. Mais la petite, métisse, nie ses origines et crée du souci à Annie. De son côté, Lora tente de faire reconnaître son talent d'actrice et est prête à tout pour y arriver, quitte à négliger l'éducation de Susie. Les années passent. Lora semble lasse d'incarner les personnages qu’on lui attribue et tente de se rapprocher de sa fille Susie. De son côté, Sarah Jane mène une carrière de danseuse de cabaret, ce qui désespère Annie...

    Le dernier film hollywoodien de Douglas Sirk est une réussite totale.

    Il traite ici la question raciale dans l'Amérique des années 1950, mais aussi de la réussite sociale, des concessions que l'on peut faire pour y accéder, y compris se priver d'amour.

    Et puis il y a quelques séquences inoubliables, comme celle d'une rare violence ou un jeune type frappe la jeune Sarah Jane, tout cela parce qu’elle ne lui a pas dit que sa mère était noire, ou encore celle de l'enterrement au son d'un gospel chanté par Mahalia Jackson qui est tout simplement monumental. 

     "Mirage de la vie" est l'un des plus grands mélodrames de l'histoire du cinéma. 

    http://www.liberation.fr/medias/1997/01/31/france-2-23h50-cine-club-mirage-de-la-vie-film-realise-par-douglas-sirk-en-1958-mirage-de-la-vie-un-_192544


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